Après l’usage de l’échographie pour détecter des formes graves du Covid-19, aujourd’hui dans notre blog nous vous présentons une application de l’échographie à laquelle, même notre laboratoire ne s’attendait pas. De quoi s’agit-il ? De l’usage de l’échographie contre le virus Ebola !

échographie contre le virus Ebola

Trish Henwood – Crédit photo : Jonathan Pushnik

Avis d’expert

Le médecin urgentiste Trish Henwood publie en juillet 2019 un article dans la revue scientifique The New England Journal Of Medecine. Elle y présente notamment les avantages à utiliser l’échographie au sein d’une unité de traitement d’Ebola. Présidente et cofondatrice de PURE Initiative, elle lutte d’ailleurs contre le virus depuis 2014.

Témoignage

Le médecin souhaite témoigner de la gravité des différentes situations auxquelles elle fait régulièrement face. “La moitié de mes patients sont morts. Ils sont morts d’une même maladie, mais de tant de façons différentes“. Toutefois l’évolution du virus est très diverse. En effet, elle précise que : “de nombreux patients qui semblaient se rétablir -leur état- s’aggravait subitement et mouraient“. Ce qui la rendait “perplexe“.

Exemple

Trish Henwood prend d’ailleurs l’exemple d’un patient nommé “Monsieur A“. Elle l’examine grâce une sonde échographique. Monsieur A semblait se remettre, mais son état se détériore brusquement.
Elle écrit : “le lendemain matin, j’ai trouvé Monsieur A dans un état affreux. Fébrile à 40 degrés, respirant 40 fois par minute et à peine conscient. Nous avons commencé les fluides IV et j’ai placé le transducteur à ultrasons sur sa poitrine. J’ai trouvé un schéma en A avec glissement pulmonaire, indiquant aucun œdème pulmonaire, aucune pneumonie, aucun pneumothorax. Alors que je déplaçais la sonde vers son abdomen en forme de planche, j’ai été surpris de trouver des boucles intestinales dilatées de manière diffuse avec un œdème de la paroi intestinale et aucun péristaltisme, sans signes évidents de perforation.

Je considérais l’iléus plus probable qu’une obstruction mécanique, d’autant plus qu’il n’avait pas d’antécédents médicaux ou chirurgicaux pertinents. Plusieurs jours de diarrhée abondante, suivis d’un iléus paralytique. Des hoquets dûs de l’iléus ? Une péritonite et une fièvre, probablement dûes à cause d’une translocation bactérienne à travers sa paroi intestinale enflammée. Tachypnée centrale par acidose métabolique. Monsieur A n’était pas seulement «en train de mourir d’Ebola». Il pourrait mourir d’un choc septique d’origine bactérienne“. Monsieur A n’a cependant pas survécu

Prise de conscience

Ainsi l’urgentiste prend conscience de quelque chose. “Nous avons par la suite compris que les infections bactériennes secondaires et concomitantes jouent un rôle plus important dans les décès liés à Ebola que ce qui avait été précédemment reconnu. Les données dont nous disposons maintenant révélant les risques d’iléus intestinal, de perte d’intégrité des muqueuses et de translocation bactérienne du virus Ebola n’étaient pas encore disponibles. Le traitement empirique avec des antibiotiques à large spectre, désormais recommandé chez les patients atteints d’Ebola sévère, ne faisait pas partie de la plupart des cas”.

Les applications de l’échographie contre le virus Ebola

Selon Trish Henwood : “les applications échographiques dont les résultats devraient modifier les soins aux patients devraient être prioritaires“. Au-delà : “l’échographie peut également être utilisée dans les évaluations diagnostiques des patients présentant une suspicion d’Ebola“.

La semaine prochaine PRS poursuit cet article avec six applications concrètes de l’échographie contre le virus Ebola.